Conclusion
Je crois dans la peinture sans alibi, sans mode ni courant mais comme expression individuelle libre de schémas imposés par l’extérieur. C’est la raison pour laquelle je me suis intéressée à l’Art Brut.
Aujourd’hui les rapports entre producteur et consommateur sont soumis à des logiques qui ne sont pas éthiques. Il y a sur le marché de l’art une fermentation droguée des prix. L’art suit les modes imposées par le marché, Les personnes ne se fient plus de leur jugement personnel, mais elles admirent qui est plus coté. Être comme les autres est une mode. De nos jours plus personne ne se fie de son gout personnel mais on admire ce qui est plus coté et de paraitre authentique et pures. Il faut beaucoup de courage pour sortir du troupeau qui nous donne l’impression de sureté et qui efface l’originalité. Nous sommes devenus des produits homogénéisés, nous sommes des personnes et non des individus., nous sommes dans l’ombre des autres. Qui a des moyens financiers dicte la loi et la foule suit sans aucun sens critique mais avec la conviction d’être « comme les autres ». Les années 70 sont les années de l’anti culture, du mouvement underground. Le concept de l’art s’est noyé dans la contestation générale. Le génie devient un élément d’exception qui dérange.
Les artistes de l’Art Brut doivent être cherchés dans les fins fonds des productions. L’art doit être proches des gens, il doit être accessible à tous, l’art est nécessaire à l’artiste pour y trouver le but de sa vie et ajouter une valeur qui enrichisse et redonnent le sens esthétique. Le devoir d’une société évolue est de diffuser l’art et lui donner l’importance qu’il a dans l’éducation, dans la culture. L’art adoucit les mœurs, c’est un vecteur de paix dans la société.
Dans les musées et les galeries on entre d’habitude sur la pointe des pieds, on a peur de devoir payer, de devoir forcément acheter un tableau. Nous imaginons l’artiste comme sanctifié sur un piédestal. Les galeristes et leur tradition d’exposition des œuvres ont menacé les curieux en leur enlevant la spontanéité et leur intérêt pour l’art. Les tableaux à mon avis doivent être touchés, respirés, admirés.
Vivons l’art tous ensemble, nous devons la rendre riche pour tous, comme un langage de compréhension universelle. Il est né ainsi et doit le rester. L’art se trouve tout entier dans les grottes préhistoriques. Ces artistes avaient un besoin inné de représenter, de s’exprimer et de communiquer.
Aujourd’hui on assiste à une ascension droguée des cotes des artistes considérés comme contemporains et au sommet des évaluation. Entre le producteur, l’artiste, le consommateur, la galerie et le collectionneur le rapport est exclusivement commercial et de promotion artistique qui visent aux marchands d’art les plus habiles.
L’art est un langage, une forme de communication. Mais l’art doit descendre de son piédestal, démythisé de son contexte snob. L’art doit descendre dans la rue. Les gens doivent comprendre qu’il n’y a rien à comprendre !! L’acheteur doit ressentir une attraction pure vers l’œuvre qu’il admire et dont il tombe amoureux.
Je m’imaginerais un endroit dans la ville où pouvoir exposer différentes formes expressives, où ils pourraient peindre, se confronter, apprendre pour grandir. Les artistes, musiciens, acteurs, tous ceux qui possèdent un talent, une forme de communication profonde pourraient y participer. Le monde y gagnerait non en termes d’argent mais en termes d’humanité et de valeurs profondes.
Klee parle de forces créatrices innées qui sont «l’invisible dans l’art» dans lequel l’artiste doit s’intégrer pour que la nature puisse, grâce à lui, générer de nouvelles réalités, de nouveaux mondes.
De même pour les artistes de l’Art Brut, l’art représente un moyen pour manifester la propre âme; même si cela est né sans la vraie intention de «faire art» mais par la nécessité de se défouler. Leurs sentiments étaient dictés par des conditions de désarroi, de solitude et de nostalgie pour les amitiés perdues et les nouveaux désirs. De cette façon outre à se retrouver la propre nature de personne humaine, les artistes bruts sont arrivés à élaborer des systèmes d’expressions originales et douées d’une énergie divine.
L’important est de se rappeler qu’il y a toujours du divin dans l’acte créateur. La vraie création ne pense pas à être ou ne pas être dans l’art (Dubuffet Bâtons rompus 1966) disait «l’art nait dans le silence et demande l’intimité de l’ombre». L’artiste doit faire de
l’art et non l’artiste disait Dubuffet.